La puissance, son origine, ses implications

 

Mais l'élément principal, celui qui change tout, c'est la puissance qui est mise dans le mouvement des différents éléments du corps.

Un débutant non sportif, c'est clair, ne développe aucune puissance. Il cherche avant tout à renvoyer la balle sans faire de faute et il est déjà content avec ça.

Le problème commence à se poser pour les joueurs bon non classés et ayant un petit classement. Là, le joueur commence à essayer d'accélérer la balle. Seulement, pour 99,999 % des cas, soit le joueur essaye de le faire à l'instinct sans trop réfléchir au problème de la puissance, soit, s'il le fait, il se dit qu'il suffit d'accélérer le mouvement et que la puissance naturelle qu'il développe est largement suffisante. C'est faux parce que la puissance naturelle que met un non sportif dans la balle est faible. Et ceci parce que s'il comprend vaguement quelle est l'origine de la puissance, il ne comprend pas la méthode pour l'optimiser.

 

1) Comment l'obtenir

 

 

L'origine de la puissance, c'est le muscle. Et la méthode pour obtenir la puissance, c'est de tendre, de bander le muscle.

Ca sembe une chose naturelle, évidente, mais ça ne l'est pas. Quand je parle de bander le muscle il s'agit de le bander fortement à la préparation. Il s'agit d'emmagasiner de la puissance dans le muscle pour le mouvement. C'est le même principe que quand un coureur est dans les starting-blocks, il bande les muscles de ses jambes pour accumuler de la puissance pour le départ. Si on ne fait pas ça, le mouvement qui suit est faible.

C'est logique d'ailleurs, une voiture qui accélère consomme beaucoup plus d'énergie qu'une voiture qui avance à 10 km/h, il ne faut pas espérer faire des coups rapides sans une dépense d'énergie relativement importante (qui se traduit par des muscles fortement bandés). Ceux qui disent qu'on peut faire des coups puissants en étant complètement relaché et en ne dépensant pas une once d'énergie musculaire se trompent à mon avis complètement.

En bandant fortement les muscles au départ, on arrive ainsi à donner une très forte puissance au coup. Une fois les muscles bandés, il faut faire partir le mouvement avec beaucoup de vitesse. Et là, on obtient une grande vitesse de balle.

A mon avis, n'importe qui ayant un physique à peu près normal est capable de développer une puissance d'un niveau très largement supérieur à celle d'un bon non classé. Je pense qu'avec de l'entraînement, on arrive à la puissance de quelqu'un ayant un classement de niveau 4/6, 3/6 ou quelque chose comme ça.

Ce principe étant applicable aux jambes, ils en ressort également une forte amélioration quand à la vitesse de réaction. Le problème, après, c'est d'avoir le physique pour tenir la cadence et également, d'éliminer tous les éléments limitant la puissance.

 

Une fois qu'on maitrise le principe de la puissance, à priori, on peut devenir aussi puissant que Seles. Au minimum, on devient aussi puissant qu'un 15/5.

 

2) Difficulté de s'en rendre compte par l'observation ou la logique

 

Les considérations sur les champions ne permettent pas de déterminer grand chose pour la puissance. En général, on ne pense pas qu'il ont cette musculature pour pouvoir résister à l'épuisement qu'impose le mouvement puissant, mais qu'ils ont ces mouvements puissants parce qu'ils ont cette musculature. On se dira que tel champion est super puissant à cause de sa musculature.

Du coup, on peut être découragé et se dire qu'il est impossible d'être puissant si on n'a pas une imposante musculature.

A l'inverse, Certaines personnes penseront qu'en se musclant énormément, elles arriveront à être aussi puissantes que les champions. Au final, le résultat aura des chances d'être décevant parce que ce n'est pas la puissance physique qui est le plus important, mais l'utilisation qu'on en fait. On peut voir des personnes très costaudes sur des courts de tennis frapper la balle faiblement parce qu'elles ne savent pas comment utiliser leurs muscles.

Un autre variation de cette idée, c'est l'idée que les champions n'ont pas besoin de faire d'énormes effort, de bander leur muscles, ceux-ci sont largement assez puissants pour frapper très fort sans forcer.

Les images que l'on voit à la télé ou dans les magazines ne permettent pas non plus de prendre conscience du problème. On se rend compte qu'ils ont des muscles, mais on ne se rend pas compte de l'action des muscles. Ceci, en partie parce que le fait de bander les muscles n'est pas très apparent au travers de la peau, surtout de loin, et en partie parce que les vêtements cachent une partie des muscles.

Et puis, il y a toutes ces apparentes exceptions. C'est vrai que Mac Enroe ne semblait pas très fort physiquement. Il ne semblait pas mettre énormément de force dans ses coups. C'est le genre de chose qui brouille le jugement. En réalité, je pense que Mac Enroe mettait également de la puissance physique dans ses coups, mais un peu moins que ses adversaires parce qu'il frappait la balle très tot après le rebond.

 

On ne voit pas la tension des muscles de Steffi. Son mouvement a l'air dynamique, mais c'est tout.

A-t-elle les muscles très tendus, un peu, moyennement ? Difficile de le savoir...

 

 

3) Limites de ce principe

 

Le principe de la puissance est un principe fondamental. Mais il n'est pas suffisant pour être bon. Si vous vous mettez à appliquer le principe de la tension des muscles énoncé plus haut, vous n'arriverez probablement pas à grand chose parce que les coups puissants font apparaître de nouveaux problèmes. J'identifie six éléments qui viennent s'interposer directement entre le principe de la puissance et sa réalisation dans le coup :

1) L'accompagnement par exemple, ne peut plus être court. Comme dit dans le chapitre précédent, il faut une certaine distance pour arrêter un coup. Et là, la puissance imprimée devenant très importante, la distance pour arrêter le mouvement du bras et du corps s'allonge elle-aussi. D'ou l'importance d'un accompagnement plus long. En fait, une fois qu'on frappe fort, normalement, l'accompagnement n'est plus un choix, mais une contrainte. Seulement, l'accompagnement normal n'est plus suffisant. Et un accompagnement encore plus long amène le déséquilibre. Il faut donc réfléchir sur le problème de l'accompagnement.

2) les éléments faibles et forts du corps

3) le problème de la solidarité des éléments mobiles du corps

4) le problème de l'appui au sol

5) le problème de la maîtrise du déséquilibre lors des coups puissants

6) Enfin, à moyen terme, la forme physique, est un autre élément limitant l'application du principe de la puissance

 

Pour faire un tel accompagnement, à limite du déséquilibre, il a fallu mettre énormément de puissance dans le mouvement du bras et du corps. On est très loin du mouvement mou ou lent d'un joueur moyen.

 

4) Pour aller plus loin : vitesse, masse et force

 

Bon, c'est un peu compliquée, donc, je mets ça à la fin de ce chapitre. Vous pouvez passer cette section si vous voulez. Ce n'est pas fondamental

Au tennis, le but est de faire aller la balle vite. Il faut donc que la raquette aille vite lors de l'impact. Mais, ce n'est pas suffisant. Voyons la problématique en jeu. Il est nécessaire ici de faire appel à un principe de physique : Energie = 1/2 masse x vitesse au carré. Expliquons en quoi cette équation a un intérêt concret pour vous. La raquette à une certaine masse qui est donnée et ne change pas. A partir de là, ce qui fera varier l'énergie de la raquette et donc, la force mise dans la balle, c'est la vitesse de la raquette. Il faut donc que la raquette aille le plus vite possible à l'impact pour donner le plus de force possible. De plus, une faible variation de la vitesse à un impact important sur la force mise dans la raquette, car la masse est multipliée par la vitesse au carré. Ainsi, une augmentation de 10 % de la vitesse de la raquette entraine une augmentation bien supérieure de la force mise dans la raquette (10 % au carré). A l'inverse, une faible vitesse entrainera une force quasi nulle. C'est pour cela que si vous avancez la raquette lentement, votre balle n'avancera quasiment pas. C'est le problème des débutants et des joueurs moyens.

On a surtout parlé de la vitesse. Mais la masse est importante également. C'est pour ça que je disais au début du paragraphe que la seule vitesse de la raquette à l'impact n'est pas suffisante. La raquette ne pèse que 300 grammes environ. Donc, si c'était uniquement la masse de la raquette qui intervenait lors de l'impact, la force ne serait pas très grande. En fait, intuitivement, on se dit que la raquette seule ne serait pas suffisante pour s'opposer à la force de la balle. Si vous montez la raquette sur un pivot et que vous lui donnez une impulsion de disons 30 km/h pour aller frapper une balle allant à 100 km/h, ce n'est pas sur qu'il y aura assez de force dans la raquette pour faire repartir la balle. Je n'ai pas fait l'expérience, mais la balle en tout cas, ne repartira probablement pas très vite. C'est pour cela qu'il faut mettre une masse plus importante dans la raquette. Laquelle ? Celle du corps bien entendu. La raquette est reliée au corps par la main. Donc, il suffit que la main (et le reste : coude, épaule) soit rigide pour que ce soit la masse du corps qui intervienne dans le coup. Et comme le corps représente une masse beaucoup plus importante que la raquette, la force imprimée à la balle sera d'autant plus grande à vitesse égale de la raquette. On notera qu'on a introduit ici la nécessité de rigidité du corps pour transmettre la force au coup. Le corps ne peut donc pas être une masse désarticulée sous peine de non transmission de la force à la raquette. Mais on reviendra là-dessus dans un prochain chapitre.

Toutefois, quoique je ne sois pas expert en mécanique, je pense que ce principe a sa limite. Au delà d'un certain rapport de masse entre les deux objets qui s'entrechoquent (un objet ayant une masse beaucoup plus grande que le second objet), augmenter la masse du plus gros objet pour donner encore plus de vitesse du plus petit objet n'a plus grande utilité. C'est seulement en dessous de cette masse disons critique que le rapport de masse entre les deux objets a une importance. Donc, que ce soit une raquette fermement tenue ou un camion qui frappe la balle, s'ils frappent à la même vitesse, la balle n'ira pas plus vite. Par contre, si la c'est la masse de la raquette seule (tendue à un fil par exemple) qui frappe, dans la mesure ou la masse n'est pas beaucoup plus grande que celle de la balle, ça a une importance d'augmenter cette masse en tenant fortement la raquette.

Cela dit, quoique ce ne soit pas tellement utile ici, c'est peut-être encore un peu plus compliqué que ça. Meme si, aux vitesses considérées, c'est surtout le rapport de masse qui joue, si on augmente la vitesse, c'est elle qui redevient importante par rapport au rapport de masse. Par exemple, pour reprendre la différence entre un camion et une raquette fermement tenue, si la balle arrive à une vitesse énorme, elle a donc une force (une énergie) énorme que la masse raquette/bras/corps ne pourra pas contenir, alors que le camion pourrait le faire. En fait, tant que le rapport de masse (et son énergie d'inertie je pense) est supérieur à la vitesse cumulée des deux objets d'un certain rapport, c'est le rapport de masse qui est important, sinon, c'est la vitesse.

On vient d'introduire le corps dans le problème. Mais on ne l'a mis en relation qu'avec le problème de la masse. En fait, la vitesse de la raquette ne vient pas de nul part, elle vient aussi du corps. C'est le corps qui imprime la vitesse au bras. Bien sûr, c'est trivial de dire ça. On se doute bien que la raquette ne se déplace pas toute seule par l'opération du saint-esprit. Mais ça fait prendre conscience qu'il faut optimiser la vitesse du corps. Et pour ça, il faut prendre conscience de comment on obtient la vitesse et qu'avant toute chose, la vitesse vient de l'énergie développée par le corps. Et d'ou vient cette énergie, comment l'obtient-on et l'optimise-t-on ? C'est ce qu'on va voir dans la prochaine sous partie.